Opinion: Les États-Unis ont perdu la première bataille contre le coronavirus. Ils ont besoin de la communauté internationale pour gagner la prochaine.

Alex Z
6 min readMay 8, 2020

Jusqu’à présent (5 mai 2020), les États-Unis sont le pays le plus touché par la COVID-19 pandémie. Avec 1,194,494 cas confirmés et 70,646 morts (Johns Hopkins University), les États-Unis comptent pour à peu près un tiers des cas totaux du monde, et ont un taux d’infection de 3,300 cas confirmés par million de personnes, tandis que le même chiffre est environ 2,600 en Union européenne, 1,300 au Royaume-Uni, 210 en Corée du Sud et 60 en Chine (1,150 au Hubei). Sans aucun doute, les États-Unis, où plus de 30,000 cas du COVID-19 sont encore rapportés chaque jour, n’ont pas réussi à contenir le virus et ont perdu la première bataille contre cette pandémie globale.

Donald Trump et Dr. Anthony Fauci, dirigeant du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) (Photo : Al Jazeera)

Mais pourquoi ? En comparant les États-Unis avec les autres pays affectés par le coronavirus, on peut voir que les pays qui ont réussi à aplatir la courbe ont effectué trois éléments essentiels: le confinement strict, le traçage des contacts, et la volonté du peuple. Les pays comme la France, l’Espagne, l’Italie et la Chine ont imposé un confinement strict dans les grandes villes, où les résidents sont obligés de montrer leurs attestations pour sortir de la maison (la France), ou de montrer leur QR code de sécurité sanitaire chaque fois qu’ils entrent dans un magasin et à leurs districts résidentiels (la Chine). D’autres pays, comme la Corée du Sud et le Vietnam, ont effectué le traçage des contacts sur une échelle massive. Puisque ces pays pouvaient tester et isoler tous les contacts proches d’un patient de COVID-19 aussitôt qu’il serait devenu un cas confirmé, la propagation domestique du coronavirus a efficacement été freinée.

En revanche, aux États-Unis, le confinement (« stay-at-home orders ») n’est pas strictement forcé, et le faible niveau de coopération entre le gouvernements de chaque état et le gouvernement fédéral empêche l’autorité d’implémenter le traçage des contacts sur une grande échelle. On voit que les gouvernements des états et le gouvernement fédéral se battent pour les ressources comme les masques et les ventilateurs, et le gouvernement de Maryland a même décidé de déployer ses gardes nationales pour prévenir le gouvernement fédéral de saisir ses matériels médicaux. De plus, la coopération entre le peuple et le gouvernement n’est pas si positive non plus. De grandes manifestations contre le confinement ont eu lieu à plusieurs états, y compris la Californie, la Virginie, l’Ohio et notamment le Michigan, dont le bâtiment de la législature a été passagèrement occupé par des manifestants armés (soutenus par Trump) le 15 avril.

Manifestants au Michigan. (Photo: JEFF KOWALSKY, AFP via Getty Images)

Donc, qu’est-ce qu’il faut que les États-Unis fassent ensuite ? Actuellement, il semble que de certaines régions des États-Unis, comme la Californie, ont réussi à aplatir la courbe et ont envie de rouvrir leurs économies. Il faut ainsi que les gouvernements de ces régions regardent la communauté internationale pour des conseils. Le relèvement de l’économie est un processus dangereux pendant une pandémie, car il est possible qu’une deuxième vague d’infections apparaisse en conséquence. Selon une étude de Stanford University, le comté de Santa Clara a eu 50 à 85 fois plus de personnes infectées par le coronavirus que rapportées, qui signale qu’une grande proportion des personnes infectées par le SARS-Cov-2 ne montrent pas de symptôme. Alors il est important de prévenir les porteurs asymptomatiques du coronavirus de passer le virus aux autres personnes quand l’économie se rouvre et les gens se réunissent à nouveau.

Les États-Unis peuvent regarder la Chine, leur rival économique et le pays où les premiers cas de COVID-19 sont rapportés, pour des inspirations. Après la levée du confinement le plus stricte du monde à Wuhan le 7 avril, la Chine n’a pas eu une grande explosion de cas jusqu’ici, et presque toutes les entreprises s’y sont rouvertes avant que centaines de millions de chinois voyagent pendant leur vacances du 1er mai. En outre, grâce au traçage des contacts, le gouvernement chinois a pu trouver et traiter les 78 patients liés à un cas importé à Harbin en avril, ce qui a empêché une nouvelle vague d’infections.

Le confinement « draconien » à Wuhan. Tous les résidents y étaient empêchés de sortir de la ville. (Photo : Washington Post)

Certes, les États-Unis ne peuvent pas implémenter des mesures si strictes comme la Chine (dont les résultats positifs sont analysés dans cet article de Nature), mais ce que les États-Unis peuvent imiter, c’est de donner des masques faciaux au public pour réduire la transmissibilité des porteurs asymptomatiques, d’ouvrir les espaces publiques progressivement en obligeant les gens de prendre rendez-vous sur ligne préalablement, et de demander à tous les restaurants, magasins, facilités publiques, etc. de mesurer la température de chaque client avant de lui permettre d’entrer.

Pour faire tout ça, il faut que les États-Unis accélèrent leur production des masques en utilisant le pouvoir délégué au gouvernement, notamment la Defense Production Act de 1950, et qu’ils coopèrent avec les fabricants des masques et des thermomètres, notamment la Chine, qui produit 85% des masques du monde, pour importer les matériels médicaux requis pour préparer à une nouvelle vague potentielle d’infections. Pour les prochaines semaines, les États-Unis devraient aussi observer comment se passe le déconfinement en Europe (4 mai en Italie et en Allemagne, 11 mai en France et en Espagne), qui peut fournir une modèle de déconfinement plus faisable aux États-Unis. Quand les pays européens auront contenu le coronavirus, les États-Unis pourront demander à l’Europe d’envoyer des aides sous les formes de personnels et matériels médicaux et pour leur expérience.

La tendance des nouveaux cas rapportés en Europe. (Image : BBC)

La guerre mondiale contre le coronavirus ne se termine pas avant qu’il y ait pas de cas de COVID-19 à travers le monde pendant au moins deux ou trois semaines. Il est maintenant très probable qu’une troisième vague du coronavirus se déroulera dans les régions dont le système sanitaire est moins développé, comme les pays balkans, l’Asie du Sud, et l’Afrique sub-saharienne. Si ces régions ne peuvent pas contenir la propagation du virus, la pandémie va arriver aux pays qui ont déjà été affectés à nouveau, et continuer à résulter en une baisse de commerce international, ce qui aggravera l’économie mondiale. Ainsi, il faut que la communauté internationale résolve ensemblement la pandémie et partage les ressources essentielles quand il est nécessaire.

Il est donc lamentable que le gouvernement des États-Unis ait refusé de rejoindre les chefs-d’état, y compris Emmanuel Macron, Boris Johnson, Angela Merkel et Shinzo Abe à une conférence internationale dirigée par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, ce lundi (4 mai). La conférence conclure avec une promesse jointe de collecter 8,2 milliards de dollars des gouvernements, des philanthropies et du secteur privé pour financer la recherche médicale contre le coronavirus. Si ces pays finiront leur développement d’un vaccin plus tôt que les États-Unis, il sera très probable que les premiers vaccins ne seront pas partagés avec les entreprises ou le gouvernement américain — et ce ne sera pas une bonne situation pour, au moins, le peuple des États-Unis.

Emmanuel Macron à l’Élysée après le sommet virtuel ce lundi. (Photo : Gonzalo Fuentes/AP)

En tant que le plus gros pays développé du monde, les États-Unis n’ont pas montré leur responsabilité globale correspondante. En conséquence, les pays à travers le monde vont se tourner vers un autre grande puissance, soit la Chine soit l’Union européenne, pour un leadership fiable. Cela va réduire l’influence internationale des États-Unis et fonctionnera finalement contre les intérêts de cette seule superpuissance actuelle du monde.

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Alex Z

Undergrad student at Sciences Po Paris and Columbia University. Sapere aude!